Madame, Monsieur, chers camarades, chers amis,
Vous trouverez ci-dessous, ce que j’ai communiqué au journaliste de Clermont-Première TV au cours de la longue interview qu’il m’avait proposée, concernant l’élection du Président du Conseil général du Puy-de-Dôme dont j’ai été un des témoins privilégiés.
2. Une semaine avant le second tour des élections cantonales, en tant que Questeur général sortant de l’Assemblée Départementale, j’ai pris l’initiative d’interroger les trois candidats déclarés sur un certain nombre de points susceptibles d’éclairer le vote des militants. Seul Jean Yves Gouttebel m’a répondu dans les délais prévus. La réponse d’Alexandre Pourchon ne m’est parvenue que tard dans la journée du dimanche 16 mars. Michèle André a gardé le silence jusqu’au bout.
J’ai diffusé les réponses en ma possession le lundi 17.
3. Ce même jour, dès 9 heures du matin, avait lieu la réunion du Groupe Socialiste du Conseil Général, notamment prévue pour que s’instaure un débat sur les propositions des trois candidats. Or, juste après l’élection du Président et du Bureau du Groupe socialiste - élus dans chaque cas avec 25 voix - les supporters, d’Alexandre Pourchon et de Michèle André – une douzaine de camarades – ont décidé de boycotter la suite de la réunion et sont allés siéger à la Fédération du Parti Socialiste. Il n’y a donc eu aucune possibilité de débat de fond entre les uns et les autres.
La totalité du Groupe socialiste s’est ensuite retrouvée, comme prévu initialement, vers 11 heures, à la Fédération du PS, pour quelques échanges acides et tronqués. Le Premier fédéral et quelques autres camarades ont demandé que soit respecté le vote des militants. A quoi, il leur a été objecté un certain nombre de remarques.
- Si les statuts du Parti sont relativement bien adaptés pour désigner les premiers des socialistes dans les grandes villes, ils deviennent, au mieux, inutiles, au pire, dangereux, dès qu’il s’agit d’en faire de même avec le Président d’un C.G.
En effet, la procédure qu’ils prévoient devient inutile s’il n’y a qu’un seul candidat. En revanche, dès qu’il y a en plusieurs, elle risque de créer une dualité ingérable entre la légitimité du vote des militants du P.S. et celle que détient chaque Conseiller général, du suffrage universel.
Au pire, cela peut conduire à une situation inextricable dans laquelle le candidat choisi par les militants est différent de celui qui a été préféré par la majorité du nouveau Groupe socialiste de l’Assemblée départementale. C’est, hélas, très exactement ce qui s’est produit cette fois-ci.
- De plus le « timing » du scrutin est tellement aberrant qu’il conduit à une caricature de consultation des militants. Résumons : le résultat des élections cantonales est connu le dimanche soir très tard et, de ce fait, les candidats à la Présidence ne peuvent se déclarer que le lendemain matin. Du coup, la profession de foi que chacun d’eux a rédigée n’a quasiment aucune chance d’être confrontées à celle des autres postulants devant les militants puisque, au mieux, celles-ci n’arriveront dans les boites aux lettres que le mardi matin et, au pire, ceux qui travaillent ne pourront en avoir connaissance que dans la soirée du mardi, soit quelques heures seulement avant la clôture du scrutin !
C’est dire que les adhérents qui acceptent de se prononcer dans de telles conditions, le font pour l’essentiel « à l’aveugle » et, assez souvent je suppose, en fonction de bien d’autres enjeux que ceux concernant directement les intérêts des citoyens du Département ou le fonctionnement du Conseil général ( influences ou pressions des potentats locaux, appartenance aux anciens courants, comportements antérieurs des candidats etc…). Et je ne parle même pas de la confusion qui, dans des délais aussi courts, a présidé aux opérations de vote du second tour, le lendemain, sur lesquelles la commission électorale aura à dire le droit, puisque de nombreuses contestations ont surgi ici ou là dans les sections.
- Les résultats de la consultation des militants sont donc contestables et contestés. Tout d’abord parce que l’écart entre les deux candidats est extrêmement ténu. De plus, compte tenu de certaines procédures plus qu’approximatives, les chiffres ne pourront être considérés comme valables et légitimes que dès l’instant seulement où ils auront été vérifiés minutieusement. A noter - autre conséquence de ce « timing » ubuesque – qu’au moment où cela sera peut-être établi, le Président du CG aura été élu depuis longtemps !
En conséquence de quoi, on peut donc admettre de bonne foi que, pour l’instant, les militants ont classé quasi ex aequo Michèle André et Jean Yves Gouttebel (50% des voix chacun, environ ) et que de ce fait nul n’est habilité à déclarer sur un ton péremptoire que certains élus se seraient en l’occurrence assis « sur le vote des militants ».
- Dès lors, la sagesse aurait été que Michèle André, déjà désavouée au sein du Groupe socialiste majoritaire et en situation de cumul des mandats, se retire de la compétition puisque, on le sait, par 27 voix sur les 44 possibles, les élus du Groupe socialistes du Conseil général avaient antérieurement accordé leur préférence à Jean-Yves Gouttebel. Il n’en a rien été. Malgré tout, ce dernier, assuré du soutien du Groupe communiste et apparenté a été élu par l’Assemblée départementale. Contrairement à Michèle André, il devrait pouvoir également y compter sur une majorité de Gauche stable.
Je rappelle d’ailleurs à ce sujet que, lors du Conseil municipal de juillet 2007, certains adjoints socialistes ou apparentés ont eux aussi été réélus avec des voix de la Droite. L'un d'entre eux recueillant même 41 voix sur 50 votants alors que la moyenne des suffrages de Gauche se situait autour de 34 voix (Cf "La Montagne" du 10-7-07) !
Plus anciennement, au cours de l'élection des Adjoints lors du Conseil Municipal de juillet 1997 (Succession de Roger Quilliot), une adjointe avait obtenu 47 voix sur 55 votants, alors que le total de la Gauche ne pesait que 42 voix ! Dans un cas comme dans l'autre - et à juste titre d'ailleurs ! - personne n'a alors parlé d'accord avec la Droite ou de trahison. En 1997, il s’agissait de l’élection de Michèle André et, en 2007, de son plus fidèle soutien actuel, Olivier Bianchi !...
- Voilà donc où nous ont conduits des statuts, ineptes en la circonstance, comme l’a implicitement admis Bruno Leroux, le secrétaire national aux élections, descendu tout exprès de Paris pour en appeler malgré tout à la discipline du Parti et tenter peut-être d’impressionner des élus terrorisés à la vue d’une incursion aussi éminente.
Dans de telles conditions comment peut-on parler « d’un grand moment de démocratie interne » ! C’est au contraire se moquer gravement des militants que de les amener à se prononcer sur le nom d’un candidat sans se donner le temps de l’information préalable ni celui du débat. C’est au bout du compte aussi se moquer de ce que devrait être une vraie démarche démocratique à laquelle certains ont pris la lourde responsabilité de substituer des simulacres qui ne trompent personne et des oukazes inopérants.
Il y a donc bien là de quoi méditer sur une nécessaire et urgente réforme des statuts. Ne serait-ce que sur ce point. Et cela d’autant plus que, faut-il le préciser aussi, en droit français tout mandat impératif imposé à un élu du suffrage universel doit être aussitôt considéré comme nul et non avenu.
4. Reste la question de la présentation de la candidature de Jean-Yves Gouttebel. Pourquoi Serge LESBRE ? Il était évident, vu le contexte évoqué ci-dessus et l’état d’esprit qui régnait alors au sein du Groupe socialiste, que le Président de celui-ci, réélu lundi par les partisans de JYG, ne pouvait pas présenter la candidature de Michèle André ni, par conséquent, celle de Jean Yves Gouttebel. Il fut donc décidé au sein du groupe « majoritaire » que ce serait moi qui, en tant que Doyen de celui-ci et Questeur général sortant, présenterait ladite candidature, proposée solidairement et collectivement par 27 conseillers généraux du groupe socialiste et apparentés (voir la liste en annexe). C’est aussi simple que cela.
5. Au final, comme chacun sait, Jean Yves Gouttebel a été élu par 40 voix contre 18 à Michèle André sur 61 votants. Il y a eu 3 bulletins blancs ou nuls
Les 11 vice-présidents l’ont été également avec des scores qui varient de 32 à 42 voix.
Les « minoritaires » socialistes ont décidé de fonder un groupe qui devrait être présidé par Michèle André, ce qui, à ma connaissance, constitue une première dans les annales du Groupe socialiste départemental !
6. Au delà des divergences affirmées concernant la soit disant gouvernance du Conseil Général, il est évident que derrière ces événements regrettables, bien d’autres enjeux sont en cause. Le prochain Congrès du PS n’en est pas un des moindres puisqu’il s’agira notamment de désigner la nouvelle majorité qui gouvernera la Fédération départementale avec, en ligne de mire, les places à pourvoir aux futures élections régionales et sénatoriales. Sans parler des présidentielles. Dans ces diverses perspectives, on le constatera vite, là comme ailleurs les anciens courants ont déjà explosé. C’est pourquoi, les récentes alliances – étonnantes au demeurant - qui se sont nouées afin de soutenir l’ex–rocardienne Michèle André, entre d’anciens fabiusiens (Godard, Néri, Baquet), des ségolénistes (Pourchon) et des strauss-khaniens regroupés autour de l’ancien cabinet de P.J. Bonté, en disent long sur les grandes manœuvres qui vont se mettre en place prochainement.
D’autre part, la répartition d’une partie substantielle de la manne financière du Conseil Général entre le Grand Clermont et le reste du département n’est pas étrangère non plus à ce type d’affrontement. Et pour ne parler que de la partie émergée de l’iceberg…